C’est aujourd’hui que sort mon nouveau roman, Zhaodi, un texte co-écrit avec la géniale Sarah Buschmann.
Ce projet, tout particulier, est né il y a un peu plus de trois ans, lorsque j’ai proposé à Sarah d’écrire un texte ensemble. Je ne sais plus bien ce qui m’a pris… Nous venions de publier Sorcière de Chair, son premier roman, et nous avions réalisé que le courant passait plutôt bien, d’un point de vue littéraire (humainement nous nous détestons, cela va sans dire).
En effet, Sarah aime écrire des choses horribles, commettant les pires atrocités envers ses personnages, mais jamais gratuitement. Ce qui compte dans son écriture, ce n’est pas tant de se montrer cruelle, mais de descendre dans les caves de la psyché humaine, là où l’être humain est nu, sale, sauvage. Quelque chose que j’ai déjà exploré dans ma propre littérature, par exemple avec Dremence, ou certaines nouvelles, telle Incouchement (dans l’Anthologie Monstresse(s)).
Zhaodi représente une telle plongée dans les tréfonds de l’âme humaine. Dans ce roman, nous suivons deux personnages, Zhaodi (dont le prénom signifie « Apporte-moi un petit frère ») et Cheng, son père. Ces deux êtres brisés par la vie se retrouvent lorsque la mère de Zhaodi décède, de façon suspecte. Cela rouvre les blessures du passé que nos deux antihéros ont passé leur vie à courageusement fuir.
C’est donc une histoire de famille, dans un pays où le devoir familial est sacré. Mais c’est aussi et surtout un drame social. Toutes les horreurs qui s’abattent sur nos personnages ont pour racine la société, les attentes extérieures, l’oppression systémique, ce grand-tout dévorateur qui ne laisse rien d’eux… Nous avions choisi la Chine comme scène de notre œuvre par goût, et parce que ce pays est assez peu valorisé en France contrairement à d’autres pays asiatiques, telle la Corée, et ce choix s’est avéré bien plus porteur que nous pouvions l’imaginer. Le destin tragique que nous avons concocté à Zhaodi et Cheng n’aurait pu se dérouler dans nulle autre contrée que le Pays du Milieu, qui nous offre un cadre passionnant et glaçant.
Ainsi, l’histoire est noire et glauque au possible. Rien n’est épargné aux personnages ou presque, et pourtant, rien n’est impossible. Contrairement à nos autres œuvres, où quelque part nous imaginions des situations horrifiques à notre convenance, ici notre imagination s’est à maintes reprises confrontée à la réalité, et cette dernière n’a cessé de clamer que nous n’allions pas assez loin…
Zhaodi est ainsi un roman froid, cru, qui nous espérons choquera et marquera les esprits. Nous avons prise beaucoup de plaisir à l’écrire et en sommes particulièrement fières…