La Culpabilité de l’Artiste

Je commence cet article, il est 10:15 du matin, un mercredi, et je ne devrais pas.

C’est bien joli d’alimenter ton blog et de raconter ta vie, Morgane, mais tu n’as pas mieux à faire ? Tu as ton roman en cours d’écriture, et on s’est mis comme objectif de le terminer avant la fin de l’année. Deux romans par ans, c’est le deal. Tu as des envois à gérer, et un paquet, en plus. Des commandes à traiter. De la compta. Et tous ces mails, tu crois qu’ils vont diminuer par magie ? D’ailleurs, hier tu n’as pas fait grand-chose non plus à part prendre l’air, et ne viens pas me dire que le fait d’avoir travaillé samedi et dimanche compense quoi que ce soit. D’accord, tu as fait ton ménage, et ? Tu veux une médaille ?

Depuis que tu travailles de chez toi, je trouve que tu te laisses bien aller. Ah elle est belle, la vie d’artiste. Un beau synonyme pour une vie de fainéante, oui…

Sisyphe, par Titien

J’ai commencé sérieusement l’écriture il y a un peu plus de sept ans, et je suis indépendante depuis désormais plus de cinq ans, ce qui me permet suffisamment de recul pour parler de mon expérience d’artiste et entrepreneuse, une expérience ô combien enrichissante, mais ô combien difficile en même temps.

Salariat et entrepreneuriat

Lorsque je travaillais en entreprise, je m’ennuyais mortellement, et l’adverbe n’est pas si exagéré que cela. Je passais une bonne journée de mes journées à ne rien faire de professionnel. Je ne compte pas le nombre d’heures passé sur des tableaux Excel dédiés à l’organisation de mes vacances à venir, ou le nombre de parties de jeu de rôle que j’ai préparées pendant que mes collègues s’activaient à côté de moi (ou faisaient semblant, on ne sait jamais vraiment). Pourtant, s’il y avait bien une certaine pression à devoir cacher ces activités à mon employeur, mon travail était gratifié et, surtout, rémunéré. D’accord, j’ai passé cinq ans à ne rien faire chez Colgate, mais en même temps, j’en faisais suffisamment pour que les tâches importantes soient effectuées et comme je suis très efficace dans mon travail, cela ne se sentait pas pour l’employeur. En réalité, je faisais partie de ces salariées qui abattent une charge monstre et sur qui on peut compter, mais qui le faisait tout en s’ennuyant.

Je ne culpabilisais pas, de tout cela. Lorsque je quittais mon travail, je n’y pensais plus et il ne me suivait pas à la maison. Je n’en parlais pas en-dehors de mon temps de présence sur les locaux, à l’inverse de mon ex qui, le soir, passait plusieurs heures à me raconter sa vie au bureau (ce qui avait le don de m’ennuyer prodigieusement, vous pouvez l’imaginer).

L’écriture, puis l’édition, ont bouleversé cet état de fait car voyez-vous, si mes employeurs étaient conciliants avec moi, comme au final je faisais partis des fameux « bons éléments », on ne peut pas en dire autant de moi. Je ne suis pas conciliante, je suis un Tyran.

Cela ne signifie pas que, parce que je travaille à mon compte, je fasse des horaires insurmontables. Je ne travaille pas douze heures par jour tous les jours, loin de là. Ça m’est arrivé de faire des semaines de soixante-dix heures sans comprendre pourquoi j’étais fatiguée, ou de réaliser que je n’avais pas eu de vraie pause dans le travail pendant près de deux semaines, mais dans l’ensemble, je parviens à maintenir un équilibre assez sain. Je commence rarement le travail avant dix heures du matin, parfois plus tard, et je ne retourne pas si souvent sur mon ordinateur après dîner – même si je le laisse toujours allumé, au cas où. D’accord, je passe aussi beaucoup de week-ends en déplacement professionnel, et il m’arrive pour certains salons de partir jusqu’à quatre ou cinq jours de suite, mais ce n’est pas toute l’année.

Je suis incapable de calculer mes horaires, surtout que contrairement à ma vie d’avant, quand je ne fais rien de productif sur mon ordinateur (comme un article de blog ou discuter avec des gens sur les réseaux sociaux), je ne considère pas ça comme faisant partie de mon travail, à l’inverse de ma vie de salariée où je me considérais en travail dès que je mettais le pied au bureau. Ceci dit, je ne considère pas non plus comme du travail quand je réponds à un message ou à une question pro sur mes heures de pause et de détente, ou quand je règle un souci ou donne des conseils alors que j’essaye de visionner un film. Je ne considère pas non plus comme du travail quand je vais une semaine chez une amie pour écrire ensemble, ou lorsque je parle art et écriture à une soirée, ou même simplement quand je réfléchis à mon travail, ce qui m’arrive aussi la nuit. Mais ce n’est pas effectif, pas quantifiable et donc négligeable.

L’Autrice…

Enfin, il faut séparer l’artiste de l’éditrice. Je suis la première à monter sur mes grands chevaux lorsque l’on me dit que l’écriture est un plaisir et pas un travail (phrase que j’entends davantage dans la bouche d’artistes qui bossent énormément que d’un entourage qui n’y connaît rien, tant cette vision de l’Art est intégrée). Pourtant, je suis aussi la première à déconsidérer mon propre travail artistique et tout ce qui le nourrit. Alors que j’ai une « production », mot très laid pour désigner ma création, variée, riche et qui, en réalité, justifierait à elle seule mon existence, tant est qu’il faudrait la justifier (et c’est une des parties importantes de cette construction mentale si épuisante, qu’il faille justifier son existence par une production).

L’essentiel de mon travail d’artiste est pourtant invisible. Pour une de mes deux œuvres de l’année, celle que j’ai terminée, il m’a fallu des mois de recherches, passées sur mon canapé à bouquiner. Eh bien c’est sans doute la seule fois où j’ai pu me laisser du lest quant à ce travail en amont car cette fois il était identifiable. J’avais les livres, je savais ce que je devais faire, et donc je pouvais déculpabiliser en les explorant. Oui, mais non… Pas si vite… Parce que désormais, j’avais aussi des objectifs : il me fallait lire tant de livres sur la période où la partie éditoriale de mon travail était moins lourde (l’hiver), et donc, si dans une journée j’avais moins lu ou moins appris, j’étais mécontente de moi. Je devais me justifier vis-à-vis de moi-même quant à mon avancée dans mon travail, afin de pouvoir écrire dans le délai qui m’était imparti par moi-même. Tyran, je vous dis…

Je vous laisse imaginer pour les livres que je prépare de manière plus informelle. Ou quand l’inspiration n’est pas au rendez-vous et que je ne suis pas satisfaite… En ce moment j’écris, donc, et j’ai un objectif de 2000 mots par jour. C’est au prix de ces 2000 mots que je me pardonne de ne pas avoir avancé sur mon travail éditorial… Sauf que si je ne fais que 2000 mots, je me dis que j’ai fait le minimum et que je ne me suis tout de même pas foulée, et donc je culpabilise. Convenons-en, 2000 mots, c’est en réalité déjà beaucoup, c’est au-delà de l’objectif du NANOWRIMO, et ça permet globalement de rédiger un roman en 25 jours d’écriture. Bien sûr, je n’écris pas au kilomètre : il faut que ces 2000 mots soient propres.

Après voilà, j’ai conscience d’en être capable, je peux déployer une énergie et une discipline de fer dans ces moments, quand bien même je demeure dispersée et inattentive. Cela ne dure pas toute l’année, et sans cette abnégation, je me lasserais probablement de mes textes avant de les terminer. Ce n’est donc pas positif ou négatif, c’est un mode de travail qui me permet d’écrire des romans, les fameux deux par an, et si c’est en effet beaucoup de pression, je suis contente de parvenir à écrire autant et à ce rythme, d’autant que je suis globalement satisfaite de mes textes.

Malgré tout, je pense que cela illustre très bien la pression que je me mets sur les épaules et que je porte au quotidien, pression pour ce que la société considère comme un loisir. En effet, à ce jour, je n’ai perçu aucune rémunération pour mes activités d’autrice. Lorsque je publie avec Noir d’Absinthe, je ne me verse pas de droits d’auteur, et je demande aux éditeurs avec qui je peux travailler (notamment pour des nouvelles) de plutôt me fournir des exemplaires supplémentaires du livre que des droits. En effet, comme je touche les minimums sociaux, toute rémunération en droits d’auteur serait de facto retranché de mes allocations. On peut donc considérer, dans une certaine mesure, que je suis mécénée par l’État pour mes œuvres (et aussi mon travail édito), mais pas suffisamment pour pouvoir en vivre. Toute la charge de travail que je viens de décrire, qui peut être écrasante et m’a parfois poussée au bord du fameux burn-out, n’est donc aucunement gratifiée. Et même quand j’interviens en table ronde ou conférence pour un festival ou un autre en ma qualité d’autrice, je demande toujours que la rémunération, quand il y en a une, soit versé sur le compte de mon entreprise et non le mien.

Cela fait donc sept ans que j’écris et que je publie romans, livres pratiques et nouvelles, sans la moindre compensation financière, et de fait cela participe à l’illégitimité et la culpabilité que je ressens vis-à-vis de mon travail. Comment valoriser mes heures, mes mois de travail, s’il n’y a derrière aucune valorisation financière ? Quand je travaillais dans le monde de l’entreprise, j’étais payée à ne rien faire. Désormais, je ne suis pas payée à faire énormément.

… et l’Éditrice

Nous n’avons pas commencé à parler du travail d’éditrice et d’entrepreneuse. Il y a de cela bientôt cinq ans, j’ai lancé la maison d’édition que vous connaissez, Noir d’Absinthe, bien que j’y œuvrais déjà dans l’ombre depuis un an. Pour celles et ceux qui auraient oublié mon origin story (how dare you !), j’ai pu créer cette maison d’édition en profitant d’un plan de départ volontaire dans mon entreprise de l’époque, Colgate. J’ai donc pu être accompagnée dans le lancement, le voir financer et toucher des indemnités et le chômage. Le package idéal pour se lancer dans la petite édition, car je ne vous mentirai pas : cela demande du temps et de l’argent.

Noir d’Absinthe a en effet englouti tout l’argent de mon licenciement en deux ans, ce qui s’est avéré d’autant plus compliqué, qu’au bout de même pas un an d’existence, je me suis retrouvée dans un divorce et un changement complet de vie, de ville, et une transition sociale. Comment dire qu’en 2019, j’étais quelque peu stressée ? C’est peut-être le seul moment où je n’ai pas regretté d’avoir travaillé dans un milieu aussi ennuyeux que le commerce international, pour l’épargne que j’avais réussi à construire avec les années et qui m’a permis de traverser cette crise.

En 2020, Noir d’Absinthe était toujours en difficulté, j’étais épuisée, et j’arrivais en fin de droits au chômage (oh, et il y a eu le Covid qui a débarqué sur ces entrefaites…). J’ai demandé de l’aide, à ce moment, aux personnes impliquées dans la maison d’édition, et ensemble nous avons pu franchir cette crise. Aujourd’hui, Noir d’Absinthe n’est plus une barque percée qui prend l’eau, et j’ai même pu récupérer une partie de l’argent que je lui ai prêté (histoire de pouvoir mener ma vie de luxe d’éditrice en payant par exemple le loyer ou l’électricité). Me rémunérer ? Ah ah ah…

Mais c’est quoi, être éditrice, au juste ? Eh bien j’ai justement dû résumer mes tâches au maximum pour une intervention, récemment, aussi prendrai-je la voie de la paresse (clac !) et copierai-je le résumé de celles-ci :

  • Recherche et sélection des manuscrits pour l’édition.
  • Rédaction des contrats et suivi de tous les aspects juridiques.
  • Travail éditorial sur les textes des auteurs en vue de la publication.
  • Choix et négociation auprès des prestataires (illustratrices, correctrices, maquettistes, etc.)
  • Gestion de la sortie de l’ouvrage et de sa commercialisation. Communication autour de la sortie.
  • Participation à des événements littéraires, organisations d’évènements hors-ligne ou en-ligne avec les auteurs, interventions en tant que conférencière.
  • Gestion du site web, du blog et des réseaux sociaux.
  • Gestion et comptabilité.

D’accord, quand même… Comme je vous le dis, c’est un résumé, car j’ai rempli un document autrement plus long pour préparer une validation des acquis de l’expérience à la Fac de Rennes, et je vais devoir prouver tous ces points en rédigeant un dossier de 50 à 100 pages en 2023. Quelque part, on peut donc considérer que mes tâches des cinq dernières années équivalent à la préparation d’un Master 2. Mais ce n’est pas grand-chose, face à ma propre tyrannie, qui ne manque pas de me rappeler que oui, c’est bien beau de savoir faire tout ça, mais encore faudrait-il le faire en temps et en heure et au quotidien…

D’autant que chez Noir d’Absinthe, nous avons commencé par publier une douzaine de livres par an, alors qu’au début, j’étais seule éditrice (heureusement j’ai eu de l’aide sur certains textes, même s’il n’y en a aucun pour lequel je n’ai pas eu de travail). Cela fait à peu près un an que j’ai décidé de réduire le nombre de parutions, mais c’est difficile dans une entreprise telle que la nôtre, car une décision ne s’implémente que des mois plus tard et c’est enfin en 2023 que nous pourrons proposer un catalogue moins important (avec tout de même six titres environ).

Tout cela, encore une fois, n’est pas valorisé. D’un point de vue purement comptable, Noir d’Absinthe a été pour moi une source de coûts et non de profits, ce qui crée une pression supplémentaire. Mon équilibre économique personnel tient aujourd’hui à mon épargne et aux aides sociales, et non à mon travail, ce qui, vous vous en doutez, ne peut tenir qu’un temps. Il y a donc une course à la montre pour dégager une rentabilité suffisante pour me faire vivre (ce qui est impossible à ce stade), et une culpabilisation insidieuse au fait de ne pas en vivre, justement. Comme je suis responsable de mon entreprise et de mon travail, tout dépend de moi. Peut-être pourrais-je écrire d’autres livres pratiques comme mon guide d’écriture pour dégager du profit (oui, le guide a très bien fonctionné) ? Peut-être devrais-je travailler davantage pour la commercialisation ? Peut-être devrais-je faire plus de salons ? Peut-être, peut-être, peut-être, et c’est tout cela qui ajoute à cette pression : oui, il y a des choses possibles pour valoriser davantage mon travail, et si je me levais une heure plus tôt, si je me supprimais un week-end de temps en temps, si je ne regardais pas de séries télévisées, si je coupais les réseaux sociaux, si je réduisais ma pause déjeuner, je pourrais faire plus. On peut toujours faire plus, et le Tyran en moi ne cesse de me le rappeler : je suis une flemmarde et je ne fais pas grand-chose.

Lister mes tâches dans cet article de blog (qui dépasse à présent les 2000 mots, mon objectif journalier, mais qui ne sont pas du roman, et donc ne compteront pas) ne me permet pas de me justifier devant l’extérieur – j’ai très bien conscience d’être perçue comme un bourreau de travail qui devrait au contraire prendre un peu de temps –, mais cela permet d’exprimer la pression insidieuse que l’on s’impose en tant qu’indépendant. Si je n’en fais pas assez alors que je travaille beaucoup plus qu’il n’est sain pour mon équilibre physique et émotionnel, alors qu’est-ce qui peut être assez ? La rémunération est importante pour la survie, mais il ne s’agit pas que de ça : elle légitimise et valorise. On l’a vu, dans ma vie d’avant, je gagnais assez, en travaillant au final modestement, et tout allait très bien du point de vue de la culpabilité. Mais désormais, je vis la vie d’artiste, la vie de mes rêves, que j’ai choisie, dans laquelle je m’épanouis, et cela crée comme une dette, une obligation. Le travail est souffrance – c’est biblique – donc je me dois de souffrir dans mon travail, de me mettre une pression de folie, de répondre à des objectifs inatteignables.

Si j’avais écrit moitié moins de roman ces cinq dernières années et que ça avait été ma seule occupation, ça aurait amplement suffi !

Et encore, je ne vous ai pas parlé du fait que j’avais étudié l’Astrologie pendant quatre ans, que je faisais de temps à autre de la photo en tant que modèle (ce qui inclut parfois des déplacements et des w-ends entiers de travail), ou que je travaillais le chant…

Cette pression continue, c’est quelque chose que je vois chez d’autres collègues artistes et autrices, qui luttent de toutes leurs forces et qui s’épuisent à la tâche. J’ai conscience de l’aspect survie et en effet, je peux me dire que les quatre dernières années, j’ai essayé de créer un environnement où je puisse vivre de mon travail, d’où ce travail conséquent. Mais cela n’a pas fonctionné, je suis toujours au RSA et je suis épuisée de mes efforts, qui en plus n’ont pas porté leurs fruits sur le plan financier.

Je vous avoue que parfois, la pression est trop forte. Cet été, j’ai frôlé l’épuisement et le « je plaque tout ». Il ne s’en est pas fallu de beaucoup. La rentrée littéraire a été terrible : plusieurs de nos livres avaient eu des décalages successifs et se sont retrouvés à sortir d’un coup entre septembre et novembre, le tout à une période forte en salons littéraires. Il m’a fallu de gros efforts (encore !) de volonté pour ne pas craquer et continuer, et j’avoue que cela n’aurait pas été possible sans le soutien de mes proches et de nos auteurs et autrices, car si l’affect n’était pas entré en jeu, j’aurais arrêté.

Et maintenant ?

Que faire, dès lors ? Ou plutôt, que ne pas faire…

J’ai pris la décision, je pense salutaire, de ralentir et, au-delà de ça, de faire de mon mieux pour m’ôter ce sentiment de devoir qui m’oppresse. J’ai fait mes preuves devant les autres, mais il est peut-être temps de réaliser que je les ai aussi faites devant moi-même, moi, la juge ultime, la Tyran. Il est peut-être temps que mon esprit révolutionnaire s’applique à moi-même et plus seulement au reste du monde, et que je renverse cette insupportable dictature qui m’opprime.

Je sais que ses origines ne dépendent pas de moi. N’oublions pas les valeurs du pays dans lequel nous vivons : « Travail, Famille, Patrie ». Je me réclame artiste et pourtant, dans ma vie personnelle, c’est Vichy. Je me réclame d’un héritage artistique grecque, et pourtant, je suis une pure chrétienne qui se flagelle quand elle faute dans ses pensées. Tout cela, ce sont des acquis culturels, entretenus par la pression sociale et économique : il serait sans doute plus facile de se sentir légitime en tant qu’artiste si on pouvait en vivre et qu’on était reconnus. Malgré tout, je pense que nous portons aussi ce poids sur nos épaules et confirmons cette vision dont nombre d’entre nous cherchons pourtant à s’émanciper.

Il est facile de clamer la légitimité de l’Art face à un public ou lors d’un débat de bar, mais c’est autrement plus compliqué lorsque l’on est face à soi-même et que l’on fait le compte de ce qu’il nous reste à faire – car qui parmi nous fait le compte de ce qu’il ou elle a accompli ?

Pour conclure, je suis fière de ce que j’ai réalisé ces sept dernières années, et je vais faire au mieux pour me lâcher la grappe et pour vivre avec plaisir ce choix de vie qui est le mien. Je ne suis pas (encore) opulente, mais ce n’est pas par la souffrance que je peux compter m’en sortir financièrement. Cet état d’esprit ne me convient plus et je compte bien m’inscrire dans cette vision Vénusienne de l’Art, et non plus celle Saturnienne de l’Effort. Est-on beau lorsque nos traits sont tirés par le supplice, ou relâchés par la jouissance ?

Un article sur le même sujet qui en parlait déjà fort bien : https://escroc-griffe.com/2016/01/05/hygiene-de-lecrivain

Un avis sur « La Culpabilité de l’Artiste »

  1. Magnifique article, Morgane. Comme je me retrouve dans ce que tu dis, notamment sur l’aspect « je ne me rends pas compte que je travaille 70 heures dans la semaine ». J’essaie moi aussi de dompter mon tyran intérieur… Merci pour ce beau partage, ainsi que pour le lien vers mon article 🙂 Prends soin de toi.

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